• Ségolène Royal pour une euthanasie active sous conditions

    Si elle était élue présidente, Ségolène Royal ferait voter au Parlement une loi permettant l'euthanasie active sous conditions, a confirmé lundi François Hollande. Selon le Premier secrétaire du PS, ce texte reprendrait la proposition de loi citoyenne défendue par Marie Humbert, qui prévoit d'inscrire dans le Code pénal une "exception d'euthanasie".

    "Nous voulons en ce domaine légiférer, légiférer avec précaution, légiférer avec respect", après concertation avec les professions de santé et les familles, a confirmé M. Hollande lors d'un point presse. Précisant le contenu et la forme de cette loi, il a indiqué que le PS et sa candidate étaient "favorables à ce que la proposition de loi qu'on appelle Vincent Humbert puisse être déposée et discutée" pour instaurer, "avec toutes les précautions nécessaires", "le droit à mourir dans la dignité".

    Avec l'association "Faut qu'on s'active", Marie Humbert milite pour l'inscription dans le Code pénal d'une "exception d'euthanasie" qui serait "strictement encadrée". Elle a bénéficié d'un non-lieu pour avoir aidé son fils Vincent, tétraplégique de 22 ans, à mourir en septembre 2003, avec le Dr Frédéric Chaussoy.

    "Je serai satisfaite le jour où je verrai (Ségolène Royal) et où elle signera un engagement", a déclaré à l'Associated Press Marie Humbert. "Ça fait cinq ans que des promesses, j'en ai. Maintenant je veux du concret".

    Alors qu'on lui demandait si des médecins et infirmières seraient autorisés à donner la mort, M. Hollande a répondu: "dans certaines conditions" et "avec strict respect de ces conditions". Parmi celles-ci, il a cité "l'intervention des familles", des "personnes concernées" quand elles le peuvent et des médecins. Ce faisant, le PS prend position en faveur de l'euthanasie active, quoique sous "contrôle". Celle-ci suppose l'administration d'un médicament pour provoquer la mort, tandis que l'euthanasie passive est l'arrêt d'un traitement, le débranchement d'un appareil ou le refus de l'acharnement thérapeutique.

    Le 19 février, Ségolène Royal avait déjà annoncé qu'elle souhaitait "ouvrir le débat" sur l'euthanasie pour "apaiser les souffrances les plus intolérables". "L'ensemble des parties prenantes sera conduit à venir débattre et le Parlement sera saisi d'un texte de loi", avait-elle indiqué, confiant avoir elle-même été "confrontée à ce drame terrible". La candidate PS n'avait pas précisé si elle souhaitait une euthanasie active ou passive. Elle n'avait pas non plus dit si elle envisageait un projet de loi gouvernemental ou une proposition de loi d'origine parlementaire, seconde option que François Hollande semble privilégier.

    Cette clarification du PS intervient alors que s'est ouvert lundi à Périgueux le procès d'une infirmière et d'un médecin, qui encourent jusqu'à 30 ans de réclusion pour avoir mis fin à la vie d'une patiente atteinte d'un cancer du pancréas en phase terminale en août 2003. Il y a quelques jours, 2.000 médecins et soignants ont appelé à une dépénalisation de l'euthanasie.

    Ce débat sur la fin de vie s'est imposé au coeur de la campagne électorale. Nicolas Sarkozy a ainsi fait un pas en faveur de l'euthanasie, jugeant qu'"on ne peut pas rester les bras ballants devant la souffrance". François Bayrou a jugé lundi que "les dernières minutes, ça se passe entre le malade et le médecin. C'est une question de confiance, une question de regard et une question de conscience" et "ce n'est pas à la loi d'entrer dans cet instant-là". Le président du FN Jean-Marie Le Pen refuse, lui, toute euthanasie médicalement assistée.

    La loi Leonetti sur la fin de vie du 22 avril 2005 a institué un droit à "laisser mourir" en autorisant un patient à refuser toute "obstination déraisonnable" quand il n'y a plus d'espoir, sans légaliser l'euthanasie


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